Comme tous les jours depuis maintenant presque 4 ans, je passe la sécurité du centre de recherche. En me retenant de lever les yeux sur le plafonnier, je marche dans le long couloir qui mène aux ascenseurs et je sélectionne l’étage -3. L’étage des vieux. C’est là que j’ai été admis depuis l’EC. Ici, on étudie surtout les maladies dégénératives. On trouve des remèdes pour qu’elles se dégradent plus lentement, voir qu’elles arrêtent leur progression et le rêve serait de pouvoir les faire revenir à l’envers. Quand je dis le rêve, c’est évidemment le rêve de la profession. Personne ne rêve concrètement de se pencher sur des problématiques qui nous concernent si peu.
J’allonge seulement la vie des vieux. J’ai pas été assez bon à l’EC pour avoir le droit de me pencher sur des maladies touchant n’importe quelle partie de la population. Je n’aurai jamais l’occasion d’étudier les cancers qui sont de plus en plus dévastateurs et de plus en plus nombreux à cause de toute la médication prescrite pour éviter les symptômes de la dépression et augmenter la concentration. Je n’aurai jamais l’occasion d’aider ceux qui le méritent le plus. Ceux qui auraient pu être utile, mais qui ne l’ont pas su à temps. Je n’ai pas été assez bon pour sauver mon petit frère.